Définition de SEC, SCHE

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DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : sèk, sè-ch'

DÉFINITIONS

1
Qui a peu ou qui n'a pas d'humidité. Sec comme une allumette. Un temps, un froid sec.
La rosée tomba sur toute la terre, et la toison seule demeura sèche
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Juges, VI, 4
Vous m'avez donné une terre sèche, donnez-m'en une aussi où il y ait des eaux en abondance
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans ib. I, 45
Les grenadiers, les palmiers et tous les arbres des champs sont devenus tout secs
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans ib. Joet, I, 12
Déjà la flamme vole, elle dévore le vaisseau, qui est d'un bois sec et enduit de résine
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VII
Un morceau de bois bien sec qui ne pèse que trois livres, en pèsera cinq lorsqu'il aura séjourné plusieurs années dans l'eau
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. introd. part. exp. t. VIII, p. 334
Jusqu'au sec arbre, locution des poëmes du XIIe et du XIIIe siècle pour dire : jusqu'au bout du monde.
Sémantique : Familièrement. Sec comme pendu, se dit d'un homme très maigre.
Sémantique : Terme d'histoire naturelle. Se dit en général d'un organe qui ne contient pas beaucoup de sucs.
Sémantique : Terme de marine. Banc sec, celui qui découvre au jusant.
Sémantique : Terme de graveur. Graver à la pointe sèche, faire des traits ou des hachures sur la planche sans employer l'eau-forte.
Nature : Substantivement.
Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise, Enfin du sec et du mouillé
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 4
2
Qui n'est plus frais, en parlant d'herbes, de plantes et autres objets. Des herbes sèches. Du fromage sec. Des haricots secs. Des roses sèches.
La gloire des méchants est pareille à cette herbe.... On la voit sèche et morte aussitôt qu'elle est née
de François de MALHERBE dans I, 2
3
Que l'on a fait sécher, qu'on a rendu moins humide. Des fruits secs. De la morue sèche.
Confitures sèches, fruits confits conservés hors du sirop.
Acceptez cependant quelque peu de douceurs.... Les sèches sont dessous, celles-ci sont liquides
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. II, 6
Sémantique : Fig. Fruit sec, voy. FRUIT 1, n° 2. On dit aussi quelquefois par abréviation : Il a été sec à l'école polytechnique, il a mal passé ses examens et est sorti sans être placé.
4
Qui n'est pas mouillé, qui n'est pas moite. Les rues sont sèches. Il fait sec dans les rues. Les plâtres ne sont pas secs. Avoir la bouche, la langue, la gorge sèche.
La partie sèche du globe que nous habitons a été longtemps sous les eaux de la mer
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. 2e disc. Oeuv. t. I, p. 117
Il [le rat d'eau] ne quitte pas le bord des eaux, ne s'en éloigne même pas autant que la loutre, qui quelquefois s'écarte et voyage en pays sec à plus d'une lieue
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. II, p. 299
Orage sec, orage qui n'est pas accompagné de pluie.
Fossé sec, fossé d'une place de guerre, d'un château, où il n'y a point d'eau et qui n'est point destiné à en avoir.
À pied sec, sans se mouiller, en traversant un cours d'eau, un ruisseau, quand il n'a plus d'eau, ou quand il n'en a plus guère. Traverser un bras de rivière à pied sec.
Avoir une toux sèche, tousser sans cracher.
Sémantique : Terme d'ancienne médecine. Un sang sec, un sang où il n'y a pas assez de sérosité.
D'un oeil sec, avec des yeux secs, sans pleurer.
Il est impossible de le lire avec des yeux secs
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 401
L'autre, avec des yeux secs et presque indifférents, Voit mourir ses deux fils par son ordre expirants
de Jean RACINE dans Bérén. IV, 5
Je verrai d'un oeil sec et d'un coeur sans envie Cet hymen qui pouvait empoisonner ma vie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Adél. du Guesclin. I, 1
5
Un vin sec, vin qui n'a rien de liquoreux.
Un vin sec, aigrelet et assez agréable qui tire son origine de Madère, et que consomment les colons riches
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. II, 18
6
Qui n'a point d'embonpoint, de graisse.
Des gens tout secs de faim et de pauvreté
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Job, XXX, 3
Je n'eusse jamais pensé que cette Mme de Charmes eût pu devenir sèche comme du bois
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 383
[Auteurs].... de qui le corps sec et la mine affamée N'en sont pas mieux refaits pour tant de renommée
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Bientôt de ce travail revenu sec et pâle
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Epît. X
C'était [Bouillé, président de la chambre des comptes] un homme sec et sobre autant que son frère était gourmand, ivrogne et débauché
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 329, 79
Elle [une vieille dame] était sèche comme le bois d'un vieux violon, et vécut dans cet état près de quatre-vingts ans, sans presque souffrir
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. à Mme de Fontaine, 8 janv. 1756
Ce personnage sec et long qui se promène seul à l'écart
de Jean-François MARMONTEL dans Contes moraux, Connaisseur.
Nature : Substantivement. Un grand sec.
Ce cheval a la tête sèche, il n'a pas la tête chargée de chair.
Ce cheval a les jambes sèches, il les a nerveuses, peu chargées de chair.
7
Il se dit de ce qui n'est pas accompagné d'un accessoire habituel.
Pain sec, pain tout sec, du pain pour tout aliment.
Pâtés tous les jours de ma vie ! J'aimerais mieux du pain tout sec
de Jean de LA FONTAINE dans Pâté d'anguille.
On ne vit pas de pain sec et de gloire
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Trembl.
Sémantique : Fig.
Une âme qui vit du pain sec de la tribulation, ne se lasse jamais de chercher Dieu
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVIII, p. 259
Le pain sec, punition de collége par laquelle on ne donne dans un repas à un écolier que du pain. On l'a mis au pain sec.
Nourrice sèche, mère ou nourrice qui, par une raison quelconque, ne donnant pas à téter, élève l'enfant au biberon
Messe sèche, voy MESSE.
Mur de pierres sèches, mur fait sans plâtre, ciment ou mortier, mais seulement de pierres arrangées les unes sur les autres.
Girone d'abord a été une grande entreprise, ensuite on a parlé d'une muraille sèche pour toute défense
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au duc de Noailles, 25 janv. 1711
Les coteaux sont généralement coupés en terrasses soutenues par des murailles sèches
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. I, 20
On dit de même : construire en pierres sèches, conduit de pierres sèches, ouvrage à pierre sèche.
Consultation sèche, se disait d'une consultation qu'un avocat donnait par occasion sans recevoir d'argent.
Ventouse sèche, voy. VENTOUSE.
Cale sèche, voy. CALE.
Bricole sèche, se dit au billard quand, en voulant jouer de bricole, on manque à toucher.
Sémantique : Terme de marine. Se dit d'une vergue qui, quoique établie en croix, n'est pas destinée à avoir une voile enverguée
La panne et la cape sèches sont celles où l'on se tient en travers au vent sans se servir de ses voiles.
8
Habit sec, habit usé jusqu'à montrer la corde (locution peu usitée).
9
Coup sec, coup donné avec promptitude sans rester sur l'objet frappé.
Un pouls sec, pouls qui donne un coup sec au doigt qui l'explore.
Au billard, donner un coup sec, donner un seul coup contre sa bille et retirer la queue à soi sur-le-champ, au lieu de pousser la bille et de la conduire avec la queue.
Sémantique : Terme de marine. Grain sec, celui qui éclate sans pluie.
10
Sémantique : Fig. Argent sec, argent comptant.
On dit de même : sec et liquide.
Quarante mille écus d'argent sec et liquide ! De la succession voilà le plus solide
de Jean-François REGNARD dans le Lég. II, 8
Perte sèche, perte absolue, sans compensation ni diminution. Il avait mis là vingt mille francs ; il n'en retirera guère que le quart ; c'est une perte sèche de quinze mille.
Une taxe sèche de dix-sept millions
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. V, p. 29
11
Fig. Sémantique : Terme de peinture et de sculpture. Qui manque de moelleux, qui est dur et sans agrément. Des contours secs. Un coloris sec. Artiste qui a un faire sec, une manière sèche.
Polygnote fut le premier qui varia les mouvements du visage, et s'écarta de la manière sèche et servile de ses prédécesseurs
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. Introd. part. 2, sect. 3
12
Sémantique : Fig. Il se dit d'une prononciation qui n'a pas de mollesse. La double ll a deux prononciations en notre langue : l'une sèche et simple qui suit l'orthographe ; l'autre molle qui semble y joindre une h, Préf. du Théâtre de P. Corneille, édit. 1682.
13
Sémantique : Fig. En parlant de l'esprit, de ses qualités, et des compositions littéraires, qui est dénué d'agrément, de grâce. Une morale sèche et rebutante.
Le pauvre esprit de femme et le sec entretien
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
La conversation me paraît un peu sèche
de BOURSAULT dans Fabl. d'Ésope, III, 3
Les expressions du théâtre, où tout paraît effectif, où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Comédie, 4
C'est un auteur sec et aride, toutes ses expressions sont rudes et forcées
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Dissert. sur Joconde.
On donne aux enfants un petit catéchisme sec, et qu'ils apprennent par coeur sans en comprendre le sens
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XXI, p. 106
Diogène de Laërce a écrit la vie de Socrate, mais d'une manière fort sèche et fort abrégée
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuvr. t. IV, p. 347
Notre langue un peu sèche et sans inversions
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Épître à Horace.
Ce n'est pas la peine d'envoyer mes magots de la Chine [l'Orphelin de la Chine, qui était d'abord en trois actes] ; je ne peux d'ailleurs avoir absolument que trois magots, les cinq seraient secs comme moi, au lieu que les trois ont de gros ventres comme des Chinois
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. à Mme de Fontaine, 22 août 1754
M. Rousseau est éloquent et pathétique, Hobbes sec, austère et vigoureux
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Hobbisme).
Matière sèche, matière qui n'offre pas de ressources pour la traiter avec intérêt.
Sémantique : Fig.
J'ai sur certaine femme Jeté, sans y songer, quelque amoureuse flamme ; J'ai trouvé la matière assez sèche de soi ; Mais la belle est tombée amoureuse de moi
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, III, 11
14
Qui n'a point de sensibilité, en parlant des dispositions morales. Un coeur sec.
Je viens de lui écrire un petit billet [à Mlle de Méry] pour l'assurer que je ne suis point sèche, et qu'il eût été plus sec de ne se pas soucier de ses plaintes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 7 juill. 1680
Qu'il est sec ! qu'il est brut, et qu'il est ennuyeux !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Indiscr. I, 7
Âmes sèches et frivoles, ce n'est pas pour vous que j'écris ; âmes tendres et sensibles, lisez-moi et pardonnez-moi
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lettre à Condorcet sur Mme Geoffrin
15
Qui a une aridité morale.
Ma fille, je vous conseille de suivre toutes vos bonnes résolutions de règle et d'économie ; cela ne rajuste pas une maison, mais cela rend la vie moins sèche et moins ennuyeuse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 343
La mort de M. de Saint-Romain me fait peur ; je n'y vois pas un moment entre sa vie dure et sèche pour la religion et sa mort
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 juill. 1694
Ne vous attachez pas à une pratique sèche et sans amour [dans la dévotion] ; commencez à aimer la personne ; l'amour de la personne vous fera aimer la doctrine
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Médit. sur l'Évang. 89e jour.
Les premiers législateurs de la Grèce ne proposèrent pas à ces peuples des doctrines abstraites et sèches
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (Grecs).
Quelle est donc la sèche amitié qui repousse mes confidences ?
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mère coupable, I, 10
16
Qui est d'une humeur un peu dure.
Me laisserai-je éblouir par un air de capacité ou de hauteur,... qui vous rend sec sur les louanges, et empêche qu'on ne puisse arracher de vous la moindre approbation ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
Si je veux être austère et sec avec mon élève....
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Il se dit aussi des choses.
Quand il était en particulier avec moi, ses manières étaient respectueuses et modérées, mais sèches
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XI
Pourquoi avez-vous écrit une lettre sèche et peu convenable à Mme du Chatelet, dans les circonstances présentes ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Thiriot, 7 janv. 1739
Des interrogations sèches et froides, sans aucun signe d'approbation ni de blâme sur mes réponses, ne me donnaient aucune confiance
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. II
Vous forcerez le conseil à ne pouvoir plus répliquer que par un sec il n'y a lieu
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à Deluc, 7 juill. 1763
Mine sèche, mine qui annonce quelque mécontentement, quelque dépit.
Une grande femme maigre et menue, dont le visage étroit et long lui donnait une mine froide et sèche
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 6e part.
Réponse sèche, réprimande sèche, réponse, réprimande désobligeante et brève.
On dit de même : parler, répondre d'un ton sec.
Messieurs, leur dit Mlle Hubert, d'un ton assez sec, je serais fâchée de vous gêner, vous êtes les maîtres
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 3e part.
Il lui a fait un compliment fort sec, il lui a parlé d'une manière brève et un peu dure.
La donner sèche, la donner bien sèche, faire une proposition désagréable, donner quelque alarme sans précaution.
Mais lui [un fâcheux], pour le quitter, me voyant ébranlé : Sortons, ce m'a-t-il dit, le monde est écoulé ; Et, sortis de ce lieu, me la donnant plus sèche : Marquis, allons au cours faire voir ma calèche
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans les Fâch. I, 1
17
Ruiné, privé d'argent.
N'est-ce pas une chose rude que de faire six mois de retraite pour avoir vécu cet hiver à Aix.... cette pensée est dure de songer que tout est sec pour vous jusqu'au mois de janvier
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 6 mai 1680
Le marquis : Je suis sec, abîmé, mais parbleu J'ai deux bons appuis. - Cléon : Qui ? - Le marquis : Les femmes et le jeu
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Dissip. I, 9
18
Nature : S. m. Ce qui n'est pas humide. Le sec et l'humide.
Tirer au sec, à sec, se dit de l'action de vider un puits.
Sémantique : Terme de marine. Mettre les voiles au sec, les déployer pour les faire sécher.
19
Fourrage sec, c'est-à-dire le foin, la paille et l'avoine. Un magasin de sec. Ce cheval est nourri au sec, tandis qu'il faudrait le mettre au vert.
Sémantique : Fig. Employer le vert et le sec, employer toute espèce de moyens.
20
Sémantique : Terme d'office. Tirer des confitures au sec, les tirer de leur sirop.
Une corbeille, une assiette de sec, une corbeille, une assiette remplie de confitures sèches, et que l'on sert au dessert dans un repas.
21
Sec pris adverbialement.
Boire sec, ne pas mettre d'eau dans son vin, bien boire.
Chers amis, voulez-vous vivre Autant que Melchisédec ? Dépêchez-vous de me suivre, Et comme moi buvez sec
de PANNARD dans Oeuvr. t. III, p. 407
J'ai fort mauvaise opinion de cet homme-là ; il mange fort, il boit sec, il parle la bouche pleine
de Louis-Benoît PICARD dans Deux Philibert, II, 4
Répondre sec, parler sec, répondre, parler sèchement, brusquement.
Peindre sec, peindre sans agrément et sans moelleux.
Filer sec, filer de la laine dégraissée avec du savon noir.
22
À sec, Nature : loc. adv. Sans eau.
Leurs nefs à sec sur le rivage Ne craignaient plus vent ni naufrage
de Paul SCARRON dans Virg. VII
Je suis bien assurée que vous n'avez pas d'eau dans votre petite rivière, puisque notre belle Loire est entièrement à sec en plusieurs endroits
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 289
Il fallut mettre à sec une rivière si rapide et si profonde, en détournant ses eaux dans un lac immense que la reine avait fait creuser
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 4
Un bâtiment est échoué à sec lorsqu'il reste à découvert sur la côte quand l'eau se retire.
Mettre à sec, se dit d'un vase que l'on vide jusqu'à la dernière goutte.
Pour laquelle aussi mainte coupe Fut aussi souvent mise à sec
de Paul SCARRON dans Virg. VII
En moins d'un mois, pour loger ma sagesse, J'ai mis à sec un tonneau de vin vieux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Nouv. Diog.
Sémantique : Fig. et familièrement. Être à sec, se trouver à sec, avoir perdu tout son argent, tout son avoir.
Cesse-t-on de payer [la pension à M. de la Garde] sans dire pourquoi ? un pauvre homme, accoutumé à cette douceur, demeure-t-il à sec sans qu'on lui dise un mot ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 janv. 1690
Ou bien, réduit à sec, d'une âme familière Peut-être il parle au ciel d'une étrange manière
de Jean-François REGNARD dans Joueur, I, 2
J'allai à mes abbés gascons et à quelques autres de cette classe : je les trouvai à sec
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. III
Sémantique : Fig. et familièrement. La bourse est à sec, il n'y a plus rien dedans, ou, dans un sens plus étendu, on n'a plus d'argent.
Mettre à sec, ruiner une personne, lui faire perdre tout ce qu'elle a.
Il joue, et, qui plus est, il y fait bien son compte ; Car il va mettre à sec un franc provincial
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Glorieux, I, 3
Être à sec, signifie aussi n'avoir plus rien à dire.
Sur ce chapitre on n'est jamais à sec
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Remerc. au roi.
Et partout sur le Wal, ainsi que sur le Leck, Le vers est en déroute, et le poëte à sec
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître IV
Sémantique : Terme de marine. À sec, sans l'aide des voiles, sans déployer une voile.
J'eus un vent si frais à ma traversée [de Lisbone au Port-Louis], que je vins à sec
dans Mém. de Villette-Mursay, 1684, dans JAL
On dit aussi à sec de voiles.
23
À sec, se dit, en Bretagne, dans les lieux où l'on donne à manger, quand on ne fournit ni vin, ni cidre, ni bière.
24
Tout sec, uniquement, sans rien de plus. Son revenu consiste tout sec en cinquante écus de rente.
On dit de même toute sèche avec un nom féminin.
Ainsi la cruauté.... paraît officieuse [dire du mal de quelqu'un en paraissant le louer, s'intéresser à lui].... pire mille fois que la médisance toute sèche
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans 5e Disc. sur la cour.
25
Martin-sec, voy. MARTIN-SEC, à son rang.

HISTORIQUE

1
Xe s.
E cilg eedre [ce lierre] fu seche
dans Fragm. de Valenc. p. 468
2
XIIIe s.
Comment que ta parleure soit, ou par rime ou par prose, esgarde que ti dit ne soient ni maigre, ni sec
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 482
Il ses deniers sec [argent comptant] me paya
dans Bl. et Jeh. 3774
Se li arbres est sec....
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXV, 12
Ce n'est pas por ce à entendre qu'il puist le vivier rompre, ne metre à seques
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXVIII, 18
Cil à qui le [la] coze doit estre baillie ne l'emportera pas.... s'il ne paie tout sec [comptant]
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 59
Laiens vendent, je vous afi Le patrimoine au crucefi à boens deniers ses et contans
de RUTEBEUF dans II, 72
3
XIVe s.
Il n'en a marce [marche] ne païs ne regné, Desc'au sec arbre ne tant c'on puet aler, Si m'aït Diex, là où je n'aie esté, Huon de Bordeaux, V. 3079. Les unes [vaches] sont plus tost letées que les autres, et les unes plus tost seches ; et les joeunes ne rendent pas à tant de leet com les vieilles
dans Bibl. des ch. 4e série, t. II ou XI, p. 369
4
XVe s.
Et faisoit une tres belle saison et seche
de Jean FROISSART dans II, II, 211
Et devint [Charles V de France] aussi sec qu'un baston
de Jean FROISSART dans II, II, 70
Qui veult avoir les avocas, Avant qu'om leur die son cas, C'est un noble office du bec, Où il convient payer tout sec
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 372
Il [Louis XI] parloit aussi sec comme se jamais n'eust esté malade
de Philippe de COMMINES dans VI, 12
Le chevalier se deffend comme preux qu'il estoit, si bien que le roy ne lui donne coup que celluy ne luy rende tout sec
dans Perceforest, t. I, f° 28
5
XVIe s.
Plusieurs ruisseaux tout à sec demourerent
de Clément MAROT dans III, 297
En la place où il avoit livré battaille à pied sec, l'esté venu....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 261
Un parler sec, rond et crud
de Michel de MONTAIGNE dans I, 292
Diagoras et Theodorus nioient tout sec qu'il y eust des dieux
de Michel de MONTAIGNE dans II, 249
Les bergers ayans quitté leurs petits parapets de pierre seche....
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. I, 69
Le sang qui a signé la guerre n'est pas encores sec par les champs ; et aussi peu seche l'ancre qui vient de signer la paix
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 252
Le reste estoient Portugais, picques seches et bisongues
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 391
Il est temps de mettre en veue Dom Jouan, qui emploie verd et sec
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 402
St-Luc en ceste ordonnance, aiant gagné le sec de l'isle, fait alte
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 12
...Auquel est plus commode paier ses ouvriers à l'argent sec, que d'y ajouster la nourriture
de Olivier DE SERRES dans 59
Les sages font comme les abeilles qui tirent du thym le plus penetrant et le plus sec miel
de Jacques AMYOT dans De la tranq. d'âme, 8
Ilz sont à sec, et sans grace ou science Demeure à plat morte leur eloquence
de Jacques AMYOT dans Lucull. 2
Un pays aride et sec
de Jacques AMYOT dans Pomp. 47
Ils ne parlent pas sec [nettement]
de Pierre CHARRON dans Sagesse, p. 226, dans LACURNE
Si je ne boy, je suis à sec, me voilà mort.... en sec jamais l'ame n'habite
de François RABELAIS dans Garg. I, 5

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, sé ; Berry, chéche, sec, et aussi sé : du linge sé, des draps sés ; bourguig. sô ; wallon, seg ; norm. sec et au fém. sèque ; provenç. sec ; espagn. seco ; ital. secco ; du lat. siccus ; comparez le celtique : gaél. seac ; kimry, sygh, sick ; bas-breton, seach, sech ; racine sik, qui est dans le sanscr. sik-ata, sable ; bactrien, hik-us, sec.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Il se dit aussi des sons.
Son but était de remédier à l'inconvénient des sons secs et coupés de cet instrument en prolongeant leur tenue
de L. GOUGENOT dans dans Mém. inéd. sur l'Acad. de peint. publiés par Dussieux, etc. t. II, p. 323
2
À sec. Ajoutez :
Peinture à sec, par opposition à peinture à fresque, peinture exécutée sur une muraille sèche, sur du bois sec, ou sur tout autre fond sec.
Les moines l'accusaient [Lanfranc] d'avoir exécuté ses peintures à sec, au lieu de les avoir faites à fresque.... il était perdu de réputation, s'il demeurait prouvé qu'au lieu d'improviser à fresque les peintures de Saint-Martin, il avait pris son temps pour les exécuter lentement à sec, en les retouchant et en les corrigeant tout à son aise
de J. DUMESNIL dans Hist. des amat. ital. p. 389 et 390
Filer à sec, filer sans humecter.
Nous filons à sec et nous peignons avec une légère addition d'huile
dans Enquête, Traité de comm. avec l'Angleterre, t. III, p. 498
3
Sec ou secs, à l'écarté, au billard, etc. se dit d'une partie unique et sans revanche et par opposition à partie liée. Je te joue cela en cinq sec ou secs.
4
Exemple : Année sèche n'appauvrit son maître.